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Concevoir des Nanomédicaments : une histoire passionnante de sérendipité et d’interdisciplinarité

Recherche Article publié le 21 juin 2021 , mis à jour le 21 juin 2021

De Life Sciences UPSaclay

Le Journal of Controlled Release a publié un Magnum Opus, destiné principalement aux jeunes chercheurs, étudiants en Master, en thèse ou jeunes chercheurs de niveau post-doctoral. L’article, rédigé à l’invitation de l’éditeur, vise à transmettre un certain nombre de messages illustrés par les réussites ou les échecs scientifiques rencontrés par Patrick Couvreur, Professeur Emérite à l’Université Paris-Saclay (Institut Galien Paris-Saclay CNRS/UPSaclay, Faculté de Pharmacie, Châtenay-Malabry), au cours de sa carrière. Il y est montré que la sérendipité constitue la pierre angulaire de la recherche et que les chemins de la découverte et de l’innovation résultent souvent de recherches aux interfaces de domaines scientifiques a priori déconnectés les uns des autres.

Ainsi, dans les années 1970, les découvertes fondamentales en biologie cellulaire ont conduit à des avancées inattendues en pharmacie galénique avec l'émergence des nanotechnologies pour l'administration intracellulaire de molécules non diffusibles. Ainsi, il a été démontré que des nanocapsules de polyacrylamide chargées en fluorescéine, permettaient de délivrer cet agent fluorescent au sein des lysosomes cellulaires. Bien qu’il s’agissait d’une avancée fondamentale dans le domaine du « drug delivery », le manque de biodégradabilité de ce polymère rendait cette approche encore très éloignée d'une application thérapeutique. Les cyanoacrylates, une colle chirurgicale biodégradable, a inspiré l’auteur de l’article pour la conception des premières nanoparticules biodégradables à usage humain. Capables de transporter des composés à activité antitumorale, ces nanoparticules de polycyanoacrylate ont démontré une propriété inattendue : contourner la résistance multidrogue des cellules tumorales. Grâce à la création de la société Bioalliance, cette découverte a conduit au développement d'un nanomédicament ayant fait l’objet de d’essais cliniques de phase I, II et III pour le traitement de l'hépatocarcinome résistant.

Plus récemment, le couplage de médicaments au squalène, un lipide naturel et biocompatible, a représenté une découverte de rupture. En passant du paradigme de l’encapsulation « physique » à celui de l’encapsulation « chimique », de nombreux verrous technologiques ont pu être contournés. La capacité d’encapsulation a été décuplée puisque chaque molécule de squalène est capable de transporter au moins une molécule de médicament et la nature de la liaison chimique entre le squalène et le médicament permet la libération sélective de celui-ci au niveau de la cible biologique. Cette approche qui a bénéficié de deux projets ERC a permis la mise au point de nanomédicaments avec de larges applications pharmacologiques.

Contact : patrick.couvreur@universite-paris-saclay.fr